Nous abordons ici les concepts de socialisation, de lien social, de capital social, d’interaction sociale, de contrôle social, de tissu social, et enfin d’exclusion sociale. Nous débutons ici par établir le vocabulaire et une mise en matière pour ensuite vous inviter à la lecture plus sur la production de la déviance.
Le terme socialisation désigne l’ensemble des mécanismes par lesquels l’individu intériorise peu à peu les normes et valeurs de son groupe d’appartenance et construit son identité sociale. C’est de ce processus que dépend son intégration au sein du groupe, et plus largement de la société tout entière. La socialisation est un processus d’apprentissage qui permet à un individu d’acquérir les modèles culturels de la société dans laquelle il vit et agit. Elle est le résultat à la fois d’une contrainte imposée par certains agents sociaux (agents de socialisation), mais aussi et surtout d’une interaction entre l’individu et son environnement. Si elle favorise la reproduction sociale, elle n’élimine pas pour autant les possibilités de changement social.
La socialisation s’établit par l’intermédiaire de divers agents de socialisations : la famille, l’école (professeurs/éducateurs), les pairs (amis) et groupes de pairs, les institutions, l’église, le milieu éducatif au sens large, agences de placement, le milieu professionnel, mais aussi les associations, groupes communautaires, les services sociaux, la télévision et les médias, et même la police communautaire, qui exercent une influence variée sur les individus en fonction de leur âge. L’agent de socialisation affecte un comportement de socialisation et d’intériorisation de schémas comportementaux dicté par les valeurs, les normes et les coutumes de la société chez l’individu.
Les rôles correspondent aux attitudes qui sont attendues d’un individu, compte tenu de son statut. À chaque statut correspond un rôle.
Le statut est la position occupée par un individu dans un cadre social donné (famille, entreprise…). Il est essentiellement normatif et fait qu’un individu peut s’attendre de la part d’un autre à tel ou tel comportement.
L’habitus est en fait la manière d’intérioriser (ou d’incorporer) des normes et des valeurs propres à son environnement, à son groupe social de référence constitué par la famille, les amis, le lieu de travail… L’habitus produit de la conduite et du rapport social.
La socialisation apparaît donc comme un processus d’interaction entre un individu et son environnement et le fait de développer des relations sociales, de s’adapter et de s’intégrer à la vie sociale. La socialisation désigne le processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les valeurs et les normes du groupe auquel ils appartiennent. L’individu intègre ainsi à sa propre personnalité les traits culturels du milieu où il vit et s’adapte à son environnement social.
Les interactions sont des actions réciproques porteuses d’influences mutuelles entre les êtres sociaux. À la faveur de ces interactions se construisent, se confortent, se défont et se reconfigurent des manières d’être ensemble, des modes de coexistence, mais aussi des systèmes d’attitudes. Les individus se comportent comme des « acteurs sociaux » qui participent à la construction de la réalité sociale. La réalité sociale ne s’impose pas telle qu’elle aux individus, mais qu’elle est modelée et reconstruite par les individus dans leurs relations sociales (interactions).
Toute socialisation est le résultat de deux processus différents : assimilation et accommodation. Par l’assimilation, le sujet chercherait à modifier son environnement pour le rendre plus conforme à ses désirs et diminuer ses sentiments d’anxiété et d’intensité. Par l’accommodation, au contraire, le sujet tendrait à se modifier pour répondre aux pressions et aux contraintes de son environnement.
L’intégration sociale est le processus par lequel une société incorpore ses membres et par lequel l’individu s’insère dans la société. Elle repose sur l’acceptation commune des valeurs et des normes propres à une collectivité et s’effectue donc par la socialisation et par le contrôle social.
Le contrôle social est l’ensemble des sanctions positives ou négatives, plus ou moins formelles, auxquelles une collectivité recourt pour assurer la conformité des conduites individuelles aux modèles établis.
La socialisation et le contrôle social contribuent à transmettre, voire à imposer une culture (ensemble des valeurs, normes et pratiques sociales propres à une collectivité). Les valeurs sont des principes et des idéaux partagées par les membres d’un groupe ou d’une société; elles orientent les normes qui sont des règles plus ou moins formalisées et institutionnalisées (normes juridiques, prescrites par la loi). Dans les sociétés modernes, les individus occupent chacun des fonctions spécifiques au sein de différents groupes sociaux, fonctions qui leur procurent un certain statut social; on désigne alors par la notion de « rôle social » l’ensemble des normes associées à un statut social donné.
Les défenseurs du modèle de l’interaction mettent l’individu socialisé au centre du processus de sa socialisation. La socialisation n’est pas alors un simple conditionnement imposé à un être passif, mais elle résulte des contacts interindividuels au sein de la société, l’ajustement des comportements va donc résulter de la volonté de coopération entre des acteurs recherchant des échanges à somme positive, elle implique aussi une tendance à vouloir éviter les conflits.
La solidarité sociale désigne l’existence de liens de mutuelle dépendance et d’obligations réciproques entre les membres d’une même collectivité.
Rappelons que la cohésion sociale correspond à la situation d’un groupe fortement solidaire et intégré par une culture groupale; en découlent l’existence de buts communs, l’attraction des individus les uns par rapport aux autres et enfin l’attachement des individus au groupe. Cette cohésion favorise donc l’intégration des individus, c’est-à-dire la participation à un réseau de relations sociales qui confère aussi une identité propre. La cohésion sociale est l’état d’une collectivité ou société dans laquelle le lien social est fort, résultat d’une forte intégration sociale.
La cohésion sociale appelle à un respect des valeurs et normes communes; mais est-ce possible dans une société individualiste valorisant la liberté et l’autonomie des individus? Le multiculturalisme, ou l’interculturalisme est-il la réponse à nos souffrances sociétales? Et comment maintenir la cohésion sociale sans laquelle il n’y a pas de société dans une société marquée par la montée de l’individualisme?
Vouloir décrire la société comme un ensemble cohérent, intégré, n’est-ce pas minorer le rôle des conflits sociaux qui existent dans toute société, et celé la nécessite d’instance de médiation sociale? Dans une société multipolaire, où les références culturelles sont multiples et où l’accès au travail n’est pas garanti, le travail, sur lequel reposaient l’intégration et la cohésion sociale, peut-il encore assurer cette fonction, comme c’était le cas depuis 2 siècles?
La notion de lien social est souvent utilisée de manière floue ce qui amène à déboucher sur des analyses parfois réductionniste, dogmatique, et radicales de l’évolution de la société.
La solitude se définit comme étant la situation d’une personne qui est seule de façon momentanée ou durable. Le sentiment de solitude résulte d’un vécu subjectif positif ou négatif lié à une vie sociale et affective, à l’interaction sociale.
L’isolement social est une solitude relative, il est indicatif du manque d’intensité quantitatif et qualitatif de la vie sociale d’un individu, c’est une situation objective.
Le lien social désigne l’ensemble des relations et interactions qui unissent des individus faisant partie d’un même groupe social (entité groupale) et/ou qui établissent des règles sociales entre individus ou groupes sociaux différents (entités groupales différentes).
Le lien social est essentiel tout au long du parcours de vie de la naissance à la mort. L’être humain se développe et se construit grâce aux liens réels et imaginaires qu’ils tissent au fil du temps : besoin d’appartenance à une famille, à un groupe social, à une communauté d’idées, des liens se nouent et se dénouent créant tour à tour dépendance, interdépendance et exclusion. Le lien permet la reconnaissance sociale, mais il est aussi contraignant et oblige à des limites en terme de liberté individuelle; il est cependant vecteur d’identité, mais peut réduire l’individualité par la nécessité de se conformer à des obligations pour maintenir le lien. Dans tous les cas et pour tous, les liens vont se modifier, se transformer, disparaître ou réapparaître.
Le lien social est pour une société donnée, l’ensemble des relations sociales qui lient les individus entre eux et à la société. Ce lien social a une dimension sociale, économique, politique et culturelle. Quand on utilise l’expression liens sociale, on pense donc aux relations sociales concrètes dont le lien social est tissé; on parle alors de tissu social.
Remarques :
- les liens sociaux permettent d’assurer la cohésion sociale et l’intégration des individus, soit par le partage de valeurs communes soit par la reconnaissance sociale des différences lors de l’établissement des règles sociales.
- les liens sociaux permettent aux individus d’acquérir une identité sociale.
On parlera alors de phénomène de la crise du lien social et/ou du phénomène de la dégradation du tissu social, et cela pour trois raisons au moins :
- le déclin de l’autorité (policiers, parents, enseignants, etc.);
- l’existence de « ratés » lors du processus de socialisation (faiblesse des liens familiaux, des liens de voisinage, etc.);
- la difficulté à établir de nouvelles règles de vie commune du fait de l’individualisme croissant (monde du travail par exemple).
Cependant, de nouvelles formes de liens sociaux, moins verticaux et plus horizontaux (entre individus se considérant comme égaux, par des relations interpersonnelles), d’où des règles plus souples, moins institutionnalisées, mais qui existent néanmoins, apparaissent cependant et peuvent être efficaces.
Il n’y a pas d’indicateurs permettant de mesurer directement la présence ou la force des liens sociaux. Cepedant, votre signataire travailler sur ces aspects.
Une erreur fréquente serait de confondre « le » lien social et « les » liens sociaux : certains liens sociaux peuvent être affaiblis ou rompus, sans que le lien social n’ait complètement disparu. Rappelons que le lien interpersonnel, que le sociologue et philosophe allemand Georg Simmel appelle la « sociabilité », renvoie aux relations familiales, amicales ou de voisinage et à toute autre forme de relation basée sur le contact de proximité. Le lien social appelle donc aux liens qui existent entre l’individu ou les groupes d’individus et la société civile.
À ce titre, rappelons le logement social est utilisé comme vecteur de lien social!!!
Le capital social est un terme utilisé pour décrire les caractéristiques particulières des relations sociales au sein d’un groupe ou une communauté. Ceci inclut des choses telles que l’étendue de la confiance entre les personnes; si elles ont une compréhension commune sur la manière dont elles devraient se comporter entre elles, et de prendre soin l’un pour l’autre; et l’étendue de la participation dans les organisations civiques et communautaires.
Le capital social, en lui même, ne sera pas suffisant pour résoudre les problèmes auxquels se heurtent de nombreuses communautés. Cependant, il existe un large consensus sur le fait qu’elle peut avoir des avantages pour les individus; qu’elle est une ressource importante dans le support des communistes pour entreprendre des actions concernant leurs préoccupations; et peuvent contribué à la croissance sociale et économique de la communauté.
On observe trois types de capital social :
- le capital de fraternisation, qui réfère aux relations et aux forts liens entre membres de la famille, les amis et les voisins;
- le capital de rapprochement, qui réfère aux liens plus faibles qui sont formés entre les amis plus distants, les connaissances, les colloques, les associations et les groupes communautaires; et
- le capital de liens, qui réfère aux liens entre les institutions et les membres d’une communauté, ou entre groupes de différents niveaux de pouvoir et différent statut social (Putnam, 2000; Woolcock, 2001).
L’exclusion sociale s’opère selon la rupture des liens sociaux menant à une perte de l’identité sociale.
L’exclusion sociale relève du processus de fragilisation du lien social avec les agents de socialisation, de désaffiliation, une relégation (peine qui frappait les récidivistes et consistait en un éloignement hors du territoire métropolitain), au cours duquel l’individu perd peu à peu les liens installés avec d’autres individus, des groupes d’individus, des institutions, et pouvant aboutir à la mise à l’écart de la société d’un individu ou d’un groupe d’individus. L’exclusion se construit par des ruptures successives. Elle serait rarement totale.
La participation à l’éducation est un moyen clef dans la réduction des risques l’exclusion sociale et de la pauvreté (BSL, 2004, Anglicare, 2004). Cependant, les personnes de statut et de milieux socio-économiques plus faibles sont plus susceptibles de quitter prématurément l’école, ont de plus faibles taux de « littératie » et de « numératie » et comprennent une diminution des inscriptions dans l’enseignement supérieur (Anglicare 2003).
Une étude Finlandaise sur 2000 personnes a montré que le soutien social aurait renforcé la santé mentale dans tous les répondants (Sohlman, 2004).
Les jeunes rapportant une pauvre connectivité sociale (qui n’ sans personne à qui parler, personne à qui faire confiance, personne à qui se fier, et personne qui les connaissent bien) sont entre deux et trois fois plus susceptibles de faire l’expérience de symptômes dépressifs en comparaison avec des pairs qui ont signalé l’existence de relations avec des confidents (Glover et al, 1998).
Des évidences de corrélations significatives et persistantes ont été trouvées entre un pauvre réseau social (faible lien social, faible connteticivé social, faible intégration sociale, faible activité sociale, et faible enchâssement social) et la mortalité de presque tous les la cause du décès (Seeman 2000; Berkman et Glass 2000; Eng et al. 2002); réduisant l’expérience de vie.
L’appartenance à un réseau social de communication et de l’obligation mutuelle procure un sentiment d’être soigné, aimé, estimé et valorisé. Cela à un puissant effet protecteur sur la santé. Les relations de support peuvent également encourager des modèles de comportement sains (Marmot et Wilkinson, 2003).
Deux mécanismes différents, mais potentiellement complémentaires ont été proposés pour expliquer comment les réseaux sociaux influencent la santé mentale. Les réseaux sociaux ont un effet bénéfique sur la santé mentale, indépendamment de l’existence ou non de stress
chez les individus, et les réseaux sociaux peuvent aussi améliorer le bien-être des personnes en situation de stress en agissant comme un tampon ou un modérateur de ce stress (Kawachi et Berkman, 2001).
En fournissant un soutien affectif, de la compagnie et les occasions de l’engagement social, les réseaux sociaux ont une influence sur l’estime de soi, l’efficacité d’adaptation, la dépression, la détresse et le sentiment de bien-être (Berkman et Glass, 2000).
Les réseaux sociaux et les liens sociaux ont un effet bénéfique sur la santé mentale, y comprirent les réactions de stress, le bien-être psychologique, et les symptômes de détresse psychologique, y compris la dépression et l’anxiété (Kawachi et Berkman, 2001).
Avoir des relations sociales peut avoir des effets en faveur et des effets dommageables sur la santé. Les effets positifs sur la santé mentale et physique sont associés à des interactions sociales parmi les personnes plus âgées, y compris une meilleure récupération après l’apparition de la maladie. Des liens sociaux trop critiques et/ou trop exigeants ont cependant été corrélés à une augmentation du stress et le risque de dépression chez les personnes âgées (Seeman, 2000).
La quantité de support social émotionnelle et pratique que les gens obtiennent varient selon le statut social et économique. La pauvreté peut contribuer à l’exclusion sociale et l’isolement. Les personnes qui reçoivent moins de soutien social et affectif sont plus susceptibles de faire l’expérience de plus de dépression (Marmot et Wilkinson, 2003).
Les personnes qui participent et ceux qui peuvent obtenir de l’aide en cas de besoin sont en meilleure santé et sont plus positifs à propos de leurs communautés dans lesquelles ils vivent. Cependant, les inégalités entre les groupes de population, notamment entre les groupes socio-économiques et les groupes ethniques, sont plus saillantes (Department of Victorian Communities, 2004).
Il est de plus en plus évident que des corrélations existent entre les différentes dimensions du capital social et les aspects de la santé mentale, tels que: les maladies mentales (Pevalin, 2002; Pevalin & Rose, 2002), le bonheur et le bien-être (Saguaro Séminaire, 2001, Putnam, 2001), l’auto-évaluation de l’état de santé mentale (Baum et al, 2000), les symptômes dépressifs (OSTIR et al, 2003); les sentiments d’insécurité liés à la criminalité (Lindstrom et al, 2003), la détresse psychologique (Berry & Rickwood, 2000; Berry & Rogers, 2003), la santé émotionnelle (Rose, 2000), et les beuveries (Weitzman & Kawachi, 2000).
Bien que de faibles niveaux de capital social ont été corrélés avec un plus pauvre état de santé, y compris la santé mentale, une étude britannique a constaté que le capital social ne modère pas ou n’atténue pas les effets négatifs de la structure des facteurs socio-économiques sur la santé ou de maladie mentale (Pevalin et Rose , 2002). Des niveaux plus élevés de la participation de la communauté, le soutien social et la confiance dans les autres au sein de la communauté ont été associés à une réduction de l’expérience de la détresse psychologique (Berry & Rickwood, 2000).
Notons qu’en 2008, pour 2005, un Québécois sur cinq souffre de détresse psychologique élevée, 40,5 % des Québécoises de 15 à 24 ans souffrent de détresse psychologique élevée [http://bit.ly/1gNW62L]. Les Québécois sont, en proportion, les Canadiens vivant le plus un état de stress quotidien et de stress au travail élevé ». De plus, au plan régional, les proportions sont sensiblement les mêmes, à l’exception de Montréal, où 27 % de la population vit un état de détresse psychologique élevée, comparativement à 22 % pour le Québec sans la Métropole [http://bit.ly/zp1774].
Pour en savoir plus :
- Agent assistance sociale
- Agent bien-être social
- Agent de sécurité
- Agent Emploi-Québec
- Agent socioéconomique
- Agents de socialisation
- Assistance sociale
- Capital social
- Cohésion sociale
- Contact de proximité
- Contrôle social
- Crise du lien social
- Culture groupale
- Dégradation du tissu social
- Désaffiliation
- Déviance
- Emploi-Québec
- Exclusion
- Exclusions sociale
- Gardien de sécurité
- Gardiennage
- Habitudes
- Habitus
- Identité individuelle
- Identité sociale
- Intégration sociale
- Intériorisation normes et valeures
- Interactions sociales
- Intimidation
- l'analyse institutionnelle
- l'anthropologie sociale
- l'histoire de la psychologie sociale
- la cognition sociale
- la dynamique des groupes
- la personnalité sociale
- la psychologie de l'environnement
- la psychologie des masses
- la psychologie organisationnelle
- la psychologie sociale appliquée
- le changement d'attitude
- les relations entre les groupes
- les représentations sociales
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- Liens sociaux
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- Profilage socio-économique
- Règles sociales
- Rôle social
- Reconnaissance
- Relations sociales
- Relégation
- Relégation sociale
- Ruptures
- Schémas comportementaux
- Sentiment de solitude
- Service de sécurité
- Services sociaux
- Situation de pauvreté
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- Socialisation
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