Cadres Théoriques de la Manipulation/Violence Psychologique/Morale, du Harcèlement Psychologique/Morale et de la Victimologie

La manipulation fait partie de la vie, ce qui fait la différence, c’est l’intentionnalité, écrit MARIE-FRANCE HIRIGOYEN. Mais comment repérer les premiers signes d’un abus de faiblesse ? Personnes âgées, enfants, adultes en état de sujétion psychologique : où commence l’influence normale et saine, où commence la manipulation ?

Notions conceptuelles

Les termes « violence psychologique et morale« , « manipulation psychologique et morale » et « harcèlement psychologique et moral » se situent dans le domaine de la psychologie et du comportement humain. sont des formes d’agression interpersonnelle qui ciblent principalement la psyché, les émotions et l’intégrité morale d’un individu. Bien qu’ils partagent certaines similitudes, chaque concept possède des caractéristiques distinctes et des conséquences pour les victimes.

Voici une brève explication de chaque concept :

  1. La violence psychologique est un concept complexe et multifacette. Elle implique l’utilisation de moyens non physiques pour exercer un contrôle, une domination ou un pouvoir sur un autre individu, causant ainsi un préjudice émotionnel ou une détresse. Contrairement à la violence physique, qui laisse des marques visibles, la violence psychologique opère souvent de manière subtile, ce qui la rend difficile à identifier et à traiter.
    • Dynamiques de pouvoir et de contrôle : Au cœur de la violence psychologique se trouvent des dynamiques de pouvoir, où une personne cherche à dominer ou à contrôler une autre par le biais de la manipulation émotionnelle, de la coercition ou de l’intimidation. Cela peut se produire dans diverses relations, telles que les partenariats intimes, les dynamiques parent-enfant, les environnements de travail ou les interactions sociales.
    • Manipulation et manipulation mentale : La violence psychologique implique souvent des tactiques de manipulation visant à saper la perception de la réalité par la victime. Le gaslighting, par exemple, est une forme de manipulation psychologique où le ou les agresseurs nient ou déforment les expériences de la victime, laissant ainsi planer le doute sur sa santé mentale ou sa mémoire. Cela mine la confiance et l’estime de soi de la victime.
    • Abus verbal et menaces : L’abus verbal, y compris les insultes, l’humiliation, la ridicule ou les menaces, est une forme courante de violence psychologique. L’utilisation de langage désobligeant ou de menaces peut profondément affecter l’estime de soi et le bien-être psychologique d’un individu, créant ainsi une atmosphère de peur et d’intimidation.
    • Isolement et contrôle des ressources : Les auteurs de violence psychologique cherchent souvent à isoler leurs victimes des sources de soutien ou à contrôler des ressources essentielles telles que les finances, les transports ou les canaux de communication. En limitant l’autonomie et l’indépendance de la victime, l’agresseur renforce son contrôle et sa domination.
    • Négligence émotionnelle et invalidation des sentiments : Un autre aspect de la violence psychologique implique la négligence émotionnelle ou l’invalidation, où les sentiments, les besoins et les expériences de la victime sont ignorés ou rejetés. Cela peut entraîner des sentiments de dévalorisation, de solitude et de détresse émotionnelle, car le monde intérieur de la victime n’est pas reconnu ou respecté.
    • Impact à long terme sur la santé mentale : La violence psychologique peut avoir des effets profonds et durables sur la santé mentale et le bien-être d’un individu. Les victimes peuvent éprouver de l’anxiété, de la dépression, un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et d’autres problèmes psychologiques à la suite d’abus émotionnels soutenus.
    • Intersectionnalité et contexte social : Il est essentiel de reconnaître que les expériences de violence psychologique sont façonnées par des facteurs intersectants tels que le genre, la race, l’ethnicité, l’orientation sexuelle, le statut socio-économique et les normes culturelles. Ces identités intersectionnelles peuvent influencer à la fois la perpétration et l’impact de la violence psychologique dans différents contextes sociaux.
  2. La violence morale, également connue sous le nom de blessure éthique ou morale, est un concept au sein de la psychosociologie qui concerne le préjudice psychologique infligé aux individus en raison de la transgression de croyances morales profondément ancrées, de valeurs ou de codes éthiques. Contrairement à la violence physique ou psychologique, la violence morale se produit souvent à l’intérieur, découlant d’un conflit entre les actions ou les expériences d’un individu et sa boussole morale. Elle peut entraîner des sentiments profonds de culpabilité, de honte ou d’angoisse morale, impactant le sens de soi, l’intégrité et l’identité morale d’un individu.
    • Dilemmes et conflits moraux : La violence morale survient dans des situations où les individus sont confrontés à des dilemmes moraux ou à des conflits qui mettent en cause leurs principes éthiques ou leurs valeurs. Ces dilemmes peuvent impliquer des décisions difficiles sans issue claire, laissant les individus se sentir moralement compromis quelle que soit leur choix.
    • Trahison de la confiance ou des valeurs : La violence morale peut résulter d’expériences où les individus perçoivent une trahison de la confiance, soit par eux-mêmes, soit par d’autres, violant leurs valeurs morales profondément ancrées ou leurs principes. Cette trahison peut survenir dans des relations personnelles, des contextes professionnels ou des contextes sociaux, entraînant des sentiments de blessure morale et de détresse.
    • Témoignage ou participation au préjudice : Un autre aspect de la violence morale implique de témoigner ou de participer à des actions qui causent du tort à autrui, contredisant directement les croyances morales ou les normes éthiques d’un individu. Cela peut se produire dans des situations telles que la guerre, les établissements de santé ou les contextes organisationnels, où les individus peuvent être contraints de s’engager dans des actions qui entrent en conflit avec leur conscience morale.
    • Angoisse existentielle et souffrance morale : La violence morale entraîne souvent une angoisse existentielle et une souffrance morale, alors que les individus luttent avec les conséquences de leurs actions ou de leurs expériences sur leur intégrité morale et leur identité. Ce tourment intérieur peut se manifester par des sentiments de culpabilité, de honte, de blessure morale ou de désorientation morale.
    • Influences sociales et culturelles : Les facteurs sociaux et culturels jouent un rôle significatif dans la façon dont les individus perçoivent la violence morale. Les normes, les valeurs et les attentes sociétales influencent la manière dont les individus définissent les limites morales et interprètent les transgressions morales, contribuant à l’expérience de la détresse morale ou de la blessure morale.
    • Rétablissement et restauration de l’intégrité morale : Faire face à la violence morale implique des efforts pour soutenir les individus dans le rétablissement de leur intégrité morale et la réconciliation des conflits éthiques ou des blessures morales qu’ils ont subis. Cela peut impliquer des interventions thérapeutiques, une réflexion morale, un soutien communautaire et des opportunités de réparation morale et de rédemption.
  3. La manipulation psychologique fait référence à l’influence délibérée et secrète exercée par un individu sur un autre afin de contrôler leurs pensées, leurs sentiments, leurs croyances ou leurs comportements. C’est un concept complexe au sein de la psychosociologie qui implique diverses tactiques visant à exploiter les vulnérabilités cognitives, émotionnelles ou sociales de l’individu ciblé. La manipulation psychologique peut se produire dans les relations interpersonnelles, les dynamiques de groupe, les environnements institutionnels et les contextes sociaux plus larges.
    • Tactiques d’influence secrète : La manipulation psychologique implique souvent l’utilisation de tactiques secrètes pour influencer l’individu ciblé sans qu’il en ait conscience. Ces tactiques peuvent inclure la tromperie, le gaslighting, la manipulation de l’information ou des formes subtiles de persuasion conçues pour déformer la perception de la réalité de la cible ou manipuler ses processus de prise de décision.
    • Exploitation des vulnérabilités : Les auteurs de la manipulation psychologique exploitent les vulnérabilités de leurs cibles, qui peuvent être cognitives, émotionnelles ou sociales. Ces vulnérabilités peuvent inclure des insécurités, des peurs, des traumatismes passés ou le désir de validation ou d’acceptation, qui sont manipulés pour prendre le contrôle sur l’individu.
    • Contrôle et domination : Au cœur de la manipulation psychologique se trouve le désir de prendre le contrôle et de dominer l’individu ciblé. Les manipulateurs cherchent à miner l’autonomie, l’indépendance et l’agentivité de la cible, souvent grâce à des tactiques de manipulation subtiles qui érodent progressivement son sentiment de soi et sa capacité à prendre des décisions indépendantes.
    • Gaslighting et distorsion de la réalité : Le gaslighting est une tactique courante utilisée dans la manipulation psychologique, où le manipulateur nie systématiquement, déforme ou invalide les perceptions, les expériences ou les émotions de la cible. Cela peut amener la cible à remettre en question sa santé mentale, sa mémoire ou son jugement, la rendant ainsi plus susceptible à l’influence du manipulateur.
    • Manipulation émotionnelle et culpabilité : La manipulation émotionnelle implique l’utilisation de la culpabilité, de la honte ou d’autres tactiques émotionnelles pour manipuler le comportement ou les choix de la cible. Les manipulateurs peuvent employer des stratégies telles que le chantage émotionnel, se poser en victime ou utiliser des démonstrations exagérées d’affection ou d’hostilité pour manipuler les émotions et le comportement de la cible.
    • Isolement et dépendance : Les manipulateurs psychologiques cherchent souvent à isoler leurs cibles des sources de soutien ou des perspectives alternatives, favorisant un sentiment de dépendance et de reliance sur le manipulateur pour la validation, l’approbation ou le guidage. Cet isolement renforce davantage le contrôle du manipulateur sur les pensées et les comportements de la cible.
    • Impact à long terme sur le bien-être : La manipulation psychologique peut avoir des effets profonds et durables sur le bien-être mental et émotionnel de la cible. Les victimes peuvent éprouver de l’anxiété, de la dépression, une faible estime de soi, un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et des difficultés à établir des relations de confiance en raison de la manipulation et du contrôle soutenus.
  4. La manipulation morale implique souvent l’exploitation de la boussole morale des individus ou des groupes, en tirant parti de leur adhésion à des principes éthiques ou des valeurs pour atteindre des résultats souhaités. Cette exploitation peut prendre différentes formes, telles que l’appel à l’altruisme, à l’équité ou au devoir, afin de persuader ou de contraindre les autres à des actions ou des comportements spécifiques.
    • Duperie et Fausse Représentation : Les manipulateurs moraux peuvent recourir à la duperie ou à la fausse représentation pour obscurcir leurs véritables motivations ou intentions, influençant ainsi les perceptions ou les décisions de leurs cibles. Cela peut impliquer la présentation d’informations fausses ou trompeuses de manière à être en accord avec les principes moraux, incitant les individus à faire des choix qu’ils ne feraient pas autrement s’ils étaient pleinement informés.
    • Manipulation Émotionnelle et Chantage Affectif : La manipulation émotionnelle joue un rôle important dans la manipulation morale, car les manipulateurs peuvent utiliser la culpabilité, la honte ou d’autres tactiques émotionnelles pour contraindre à la conformité ou à l’adhésion à leur agenda. En suscitant des sentiments de culpabilité ou d’obligation, les manipulateurs exploitent le désir des individus de préserver leur intégrité morale ou de respecter les attentes sociales, influençant ainsi leur comportement ou leurs décisions.
    • Pression Sociale et Conformité : La manipulation morale opère souvent au sein de contextes sociaux, où les individus peuvent ressentir une pression pour se conformer aux normes ou aux standards moraux dominants. Les manipulateurs exploitent les dynamiques sociales et l’influence des pairs pour manipuler les dynamiques de groupe, suscitant un sentiment d’obligation ou de conformité qui pousse les individus à aligner leurs actions sur leur agenda.
    • Justification et Rationalisation : Les manipulateurs moraux peuvent recourir à des stratégies de justification et de rationalisation pour légitimer leurs actions ou décisions dans des cadres moraux. En présentant leur comportement comme moralement justifié ou nécessaire, les manipulateurs cherchent à passer outre les objections morales ou les réserves éthiques des individus, facilitant ainsi la conformité ou l’acceptation de leur agenda.
    • Impact Psychologique et Dilemmes Moraux : La manipulation morale peut avoir des effets psychologiques profonds sur les individus, conduisant à des dilemmes moraux, des conflits intérieurs ou une dissonance cognitive alors que les individus luttent avec des impératifs moraux contradictoires. Cette lutte interne peut découler de la tension entre les convictions morales personnelles et la pression extérieure pour se conformer aux influences manipulatrices.
    • Responsabilité Éthique et Reddition de Compte : Faire face à la manipulation morale nécessite de reconnaître les responsabilités éthiques individuelles et collectives, ainsi que de tenir les manipulateurs responsables de leurs actions. Cela implique de promouvoir la sensibilisation éthique, la réflexion critique et le courage moral pour résister aux tactiques de manipulation et maintenir l’intégrité éthique dans les contextes personnels et sociaux.
  5. Le harcèlement psychologique, également connu sous le nom de harcèlement moral, est un concept complexe au sein de la psychosociologie qui implique des comportements répétitifs visant à dégrader, humilier ou intimider une personne, souvent dans un cadre professionnel ou social. Contrairement à la violence physique, le harcèlement psychologique se manifeste principalement par des moyens verbaux ou non verbaux, et peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale et émotionnelle de la victime.
    • Comportements Répétitifs et Ciblés : Le harcèlement psychologique se caractérise par des comportements répétés et ciblés qui visent à déstabiliser ou à nuire à la victime sur une période prolongée. Ces comportements peuvent inclure des insultes, des humiliations, des critiques constantes, des menaces voilées ou d’autres formes de traitement dégradant.
    • Abus de Pouvoir et de Autorité : Les harceleurs utilisent souvent leur position de pouvoir ou d’autorité pour exercer leur contrôle sur la victime et l’intimider. Cela peut se produire dans des contextes professionnels, tels que les milieux de travail, où les superviseurs ou les collègues abusent de leur position pour harceler subordonnés.
    • Isolement et Exclusion Sociale : Le harcèlement psychologique peut également prendre la forme d’isolement social, où la victime est délibérément exclue ou ostracisée par ses pairs. Cette exclusion peut aggraver les effets du harcèlement en renforçant le sentiment de solitude et d’impuissance de la victime.
    • Impact sur la Santé Mentale : Le harcèlement psychologique peut avoir de graves répercussions sur la santé mentale et émotionnelle de la victime, pouvant entraîner des troubles anxieux, une dépression, un stress post-traumatique (TSPT) et d’autres problèmes de santé mentale. Les victimes peuvent également ressentir une baisse de l’estime de soi et de la confiance en soi à la suite du harcèlement.
    • Législation et Politiques de Prévention : De nombreuses juridictions ont mis en place des lois et des politiques visant à prévenir et à lutter contre le harcèlement psychologique, en reconnaissant son impact néfaste sur les individus et les organisations. Cela comprend souvent des mesures de sensibilisation, des procédures de signalement et des sanctions pour les harceleurs.

La relation entre ces formes d’agression réside dans leur objectif commun d’exercer du pouvoir et de contrôler l’intégrité psychologique et morale de la victime. Les auteurs de manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale utilisent souvent des tactiques similaires pour miner l’estime de soi, l’autonomie et les valeurs morales de la victime.

Les conséquences pour les victimes de ces formes d’agression peuvent être profondes et durables. Les victimes peuvent éprouver toute une gamme d’émotions négatives, notamment de la peur, de la honte, de la culpabilité et du désespoir. Elles peuvent également souffrir de problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression, le TSPT et des idées suicidaires. De plus, les victimes peuvent avoir du mal à faire confiance aux autres et à établir des relations saines à l’avenir, en raison du traumatisme qu’elles ont vécu.

La manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale sont des formes insidieuses d’agression qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur le bien-être psychologique et moral des victimes. Il est essentiel de sensibiliser à ces problèmes et de fournir un soutien et des ressources à ceux qui en ont été affectés. De plus, les efforts visant à prévenir et à traiter ces formes d’agression devraient se concentrer sur la promotion de l’empathie, du respect et d’une communication saine dans les relations interpersonnelles.

Comprendre les notions conceptuelles de la violence psychologique est crucial pour développer des stratégies de prévention efficaces, soutenir les survivants et promouvoir des relations saines basées sur le respect mutuel et la dignité. Les interventions impliquent souvent la sensibilisation, la fourniture de services de soutien psychologique, l’éducation des communautés sur la communication saine et la résolution des conflits, ainsi que la responsabilisation des auteurs de violence pour leurs actes.

Comprendre les notions conceptuelles de la violence morale est crucial pour reconnaître et aborder l’impact psychologique des transgressions morales sur le bien-être et l’identité morale des individus. En favorisant une plus grande sensibilisation à la complexité morale et en fournissant un soutien à la résilience morale et au rétablissement, les psychosociologues peuvent contribuer à promouvoir la conscience éthique, la croissance morale et la guérison au sein des individus et des communautés.

Comprendre les notions conceptuelles de la manipulation psychologique est crucial pour identifier et traiter cette forme d’abus, ainsi que pour permettre aux individus de reconnaître les tactiques manipulatrices et d’affirmer leurs limites. Les interventions impliquent souvent l’éducation sur les dynamiques relationnelles saines, le renforcement de la résilience contre les tactiques de manipulation et le soutien des survivants pour guérir des effets psychologiques de la manipulation.

Comprendre les notions conceptuelles de la manipulation morale est essentiel pour identifier et atténuer ses effets néfastes sur les individus et les communautés. En favorisant la sensibilisation éthique, en promouvant l’autonomie et en encourageant la réflexion critique sur les dilemmes moraux, les psychosociologues peuvent contribuer à former des individus et des sociétés résilients capables de résister à la manipulation et de défendre les principes éthiques.

Comprendre les notions conceptuelles du harcèlement psychologique est essentiel pour reconnaître et prévenir cette forme de violence dans divers contextes sociaux et professionnels. Les interventions visent à soutenir les victimes, à responsabiliser les harceleurs et à promouvoir des environnements de travail et des relations sociales sains et respectueux.


Ces concepts sont fréquemment étudiés dans le cadre de la psychologie clinique, de la psychologie sociale et du travail, ainsi que dans le domaine du droit du travail. Ils soulignent l’importance de comprendre et de prévenir les comportements néfastes qui peuvent causer des dommages psychologiques significatifs.

La manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale est un domaine complexe qui englobe divers champs théoriques issus de disciplines telles que la psychologie, la sociologie, la psychiatrie, et d’autres sciences sociales. Voici quelques-uns des champs théoriques pertinents pour comprendre la violence psychologique et morale :

  1. Psychologie clinique : Les théories de la psychologie clinique fournissent une compréhension approfondie des mécanismes psychologiques sous-jacents à la violence psychologique. Les concepts tels que la manipulation, l’abus émotionnel et les troubles de la personnalité peuvent être explorés dans ce contexte.
  2. Psychologie sociale : La psychologie sociale examine comment les interactions sociales, les normes sociales et les dynamiques de groupe peuvent influencer la violence psychologique. Les concepts tels que la pression sociale, la conformité et l’influence sociale peuvent être pertinents.
  3. Psychologie du développement : Comprendre comment la violence psychologique peut affecter le développement émotionnel et psychologique tout au long de la vie est important. Les théories du développement de l’enfance et de l’adolescence peuvent être particulièrement pertinentes.
  4. Sociologie : Les théories sociologiques examinent comment la violence psychologique est liée aux structures sociales, aux inégalités et aux normes culturelles. Les concepts tels que le pouvoir, la domination et la socialisation peuvent être explorés.
  5. Psychopathologie : Les modèles psychopathologiques examinent les troubles mentaux et les comportements pathologiques qui peuvent être associés à la violence psychologique. Les troubles de la personnalité, les troubles de l’humeur et les troubles de l’attachement peuvent être pertinents.
  6. Éthique et philosophie morale : La violence morale soulève des questions éthiques et morales. Les théories éthiques peuvent fournir un cadre pour évaluer la nature immorale de certains comportements et les obligations morales envers les autres.
  7. Droit et justice : Le cadre juridique peut également être un champ théorique important, en particulier en ce qui concerne la reconnaissance de la violence psychologique comme forme de maltraitance et les implications légales qui en découlent.
  8. Communication interpersonnelle : Les théories de la communication peuvent être utiles pour comprendre comment les schémas de communication peuvent être utilisés de manière abusive, par exemple, par la manipulation verbale ou la coercition psychologique.
  9. La victimologie, en tant qu’étude scientifique des victimes et de la victimisation, englobe un large éventail de facteurs contribuant aux expériences des victimes, y compris les dimensions psychologiques et morales. La relation entre la victimologie et la violence psychologique/morale ainsi que la manipulation est complexe et cruciale pour comprendre l’impact holistique de la victimisation.

    Comprendre l’interaction complexe entre la victimologie et la manipulation/violence psychologique/morale est impératif pour une approche globale du soutien aux victimes. En examinant les conséquences psychologiques, les implications morales et les tactiques de manipulation, la victimologie informe les politiques, les interventions et les services, contribuant à une compréhension plus nuancée de la nature multifacette de la victimisation.

Ces champs théoriques se chevauchent souvent, et une approche holistique qui combine des perspectives de plusieurs disciplines peut être la plus efficace pour comprendre et aborder la violence psychologique et morale.

L’abus de faiblesse

La notion française d' »abus de faiblesse » plonge ses racines profondément dans le domaine psychosociologique, embrassant des dynamiques complexes de pouvoir, de manipulation et d’exploitation. Tant dans le cadre législatif français que dans celui de la psychologie, l' »abus de faiblesse » évoque une situation dans laquelle une personne tire avantage de la vulnérabilité, de l’ignorance, de la fragilité psychique ou psychologique, ou de la faiblesse d’un individu pour le manipuler ou le duper pour obtenir un gain. Il se manifeste lorsque quelqu’un exploite la vulnérabilité d’autrui pour le pousser à agir contre son propre intérêt, alors que la victime ne mesure pas pleinement l’ampleur de son engagement et demeure ignorante des conséquences de ses actes, en proie à l’incapacité de résister à la pression du fait de sa fragilité.

En substance, l' »abus de faiblesse » repose sur un déséquilibre de pouvoir entre l’auteur et la victime, l’auteur utilisant cette disparité pour exercer une influence indue et un contrôle abusif sur la victime. Souvent, il recourt à des tactiques de manipulation/violence psychologique/morale pour exploiter les failles de la victime.

L’objectif ultime de l' »abus de faiblesse » est d’exploiter la position vulnérable de la victime pour obtenir un ou des gains, qu’il soit matériel (comme l’obtention de ressources financières ou de biens) ou émotionnel (comme l’établissement de contrôle ou la satisfaction de domination). La diminution de la capacité de résistance de la victime accroît le préjudice subi, la rendant moins apte à se défendre ou à riposter.

Les situations d' »abus de faiblesse » peuvent se présenter dans divers contextes, qu’il s’agisse d’interactions avec un ou des fonctionnaires, d’escroqueries financières visant les personnes âgées, de manipulation émotionnelle au sein de relations intimes, ou encore d’exploitation professionnelle des individus souffrant de troubles cognitifs. Ces situations impliquent l’exercice d’une influence indue, de coercition ou de pression sur une victime incapable de résister ou de prendre des décisions éclairées en raison de sa vulnérabilité.

Le système juridique français reconnaît l' »abus de faiblesse » comme une forme d’abus et prévoit des dispositions légales visant à prévenir et à punir de tels agissements. Ces mesures incluent des sanctions pénales à l’encontre des auteurs qui exploitent la vulnérabilité d’autrui à des fins de gain financier ou d’autres intentions malveillantes.

Les victimes d' »abus de faiblesse » font souvent face à une détresse psychologique significative. Sur le plan psychologique, les effets de l' »abus de faiblesse » peuvent être dévastateurs, engendrant une perte de confiance en soi et une estime de soi amoindrie. Elles peuvent également éprouver des difficultés financières et se retrouver socialement isolées, subissant des sentiments de honte, de culpabilité, de trahison et d’impuissance. Ces traumatismes peuvent déboucher sur des troubles anxieux, dépressifs, voire sur le syndrome de stress post-traumatique.

Dans son ensemble, la notion française d' »abus de faiblesse » met en lumière l’importance de protéger les individus susceptibles d’être particulièrement exposés à la manipulation ou à l’exploitation en raison de leur vulnérabilité. Elle souligne la nécessité d’interventions juridiques, sociales et psychologiques pour garantir la protection des droits et du bien-être de ceux qui risquent d’être exploités.

De la victimologie

La victimologie est l’étude scientifique des victimes, de leurs expériences et de l’impact de la victimisation. Elle a émergé en tant que domaine distinct de la criminologie au milieu du XXe siècle, se concentrant sur la compréhension des dynamiques des interactions entre victimes et agresseurs, les conséquences de la victimisation, ainsi que les moyens de prévenir et de répondre à la criminalité.

La victimologie est un domaine multidisciplinaire au sein de la criminologie et de la sociologie qui se concentre sur l’étude des victimes de crimes. Elle cherche à comprendre les expériences, les comportements et les caractéristiques des individus ayant été soumis à des actes criminels, ainsi que l’impact de la victimisation sur les individus, les familles, les communautés et la société dans son ensemble. La victimologie englobe différents aspects, notamment l’examen des relations entre victimes et auteurs, le rôle des victimes dans le système de justice pénale, la prévention de la victimisation et la fourniture de soutien et d’assistance aux victimes.

L’étude de la victimologie implique plusieurs composantes clés :

  1. Compréhension de la victimisation : Les victimologues cherchent à comprendre la nature et l’étendue de la victimisation dans la société. Cela comprend l’identification des différents types de victimisation, tels que les crimes violents, les crimes contre les biens, la criminalité en col blanc et la cybercriminalité, et l’examen des facteurs contribuant à la victimisation des individus.
  2. Interactions entre victimes et auteurs : Les victimologues examinent les dynamiques des interactions entre victimes et auteurs. Cela comprend l’exploration des motivations et des caractéristiques des auteurs, ainsi que des comportements et des réponses des victimes avant, pendant et après la victimisation.
  3. Impact de la victimisation : La victimologie étudie l’impact physique, psychologique, émotionnel, social et financier de la victimisation sur les individus et les communautés. Cela comprend la compréhension des effets à court et à long terme du traumatisme, de la peur et de la perte vécu par les victimes, ainsi que les répercussions sur les familles, les relations et les réseaux sociaux.

    Impact de la victimisation : La victimologie étudie l’impact physique, psychologique, émotionnel, social et financier de la victimisation sur les individus et les communautés. Cela comprend la compréhension des effets à court et à long terme du traumatisme, de la peur et de la perte vécu par les victimes, ainsi que les répercussions sur les familles, les relations et les réseaux sociaux.
  4. Droits et services des victimes : Les victimologues militent pour les droits des victimes au sein du système de justice pénale et de la société. Cela implique la promotion de protections juridiques, de services de soutien et de restitution pour les victimes, ainsi que l’amélioration de l’accès à la justice et aux ressources pour les individus et les communautés victimisés.
  5. Prévention et intervention : La victimologie vise à élaborer des stratégies pour prévenir la victimisation et intervenir pour en réduire l’occurrence. Cela comprend l’identification des facteurs de risque de victimisation, la mise en œuvre de programmes de prévention du crime, l’amélioration des mesures de sécurité et l’adressage des facteurs sociaux, économiques et culturels sous-jacents qui contribuent à la vulnérabilité.
  6. Recherche et développement de politiques : Les victimologues mènent des recherches empiriques pour faire progresser les connaissances dans le domaine et informer les politiques et les pratiques. Cela comprend l’étude des tendances en matière de victimisation, l’évaluation de l’efficacité des interventions et la promotion de politiques et de programmes fondés sur des preuves pour soutenir les victimes et prévenir la criminalité.

Dans l’ensemble, la victimologie joue un rôle crucial dans la compréhension des complexités du crime et de la victimisation, dans l’élaboration de réponses pour soutenir et protéger les victimes, et dans la promotion de la justice, de la sécurité et du bien-être dans la société. Elle s’appuie sur des perspectives issues de diverses disciplines, notamment la psychologie, la sociologie, la criminologie, le droit, la santé publique et le travail social, pour offrir une compréhension globale des expériences et des besoins des victimes.

Notons que la victimologie est un domaine multidisciplinaire, tirant, entre autre, des enseignements de la criminologie, de la sociologie, de la psychologie et du droit. À mesure que les sociétés évoluent, la victimologie joue un rôle crucial dans l’élaboration de politiques et de pratiques répondant aux besoins de ceux qui ont été victimes de crimes.

Innovation sociale

Une organisation de développement communautaire axée sur les ressources (ABCD) dédiée à soutenir les personnes victimes de manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale dans le domaine de la victimologie se concentrerait sur l’autonomisation et la mobilisation des forces et des ressources au sein de la communauté pour répondre aux besoins des survivants. Voici comment une telle organisation pourrait fonctionner :

  1. Engagement communautaire et sensibilisation : L’organisation s’engagerait avec les communautés locales pour sensibiliser à la manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale, fournissant des informations sur la reconnaissance des signes et des effets d’un tel abus. Cela pourrait impliquer des ateliers, des sessions de formation et des campagnes de sensibilisation publique pour déstigmatiser la victimisation et encourager les individus à rechercher du soutien.
  2. Cartographie et mobilisation des ressources : En utilisant les principes de l’ABCD, l’organisation effectuerait une cartographie des ressources au sein de la communauté pour identifier les ressources existantes, les forces et les capacités pouvant être exploitées pour soutenir les survivants. Cela pourrait inclure des centres communautaires, des professionnels de la santé mentale, des services d’aide juridique, des groupes de soutien et d’autres entités pertinentes.
  3. Soutien par les pairs et plaidoyer : L’organisation établirait des réseaux de soutien par les pairs composés de survivants ayant surmonté la manipulation psychologique et morale et la violence, fournissant un espace sûr pour partager des expériences, offrir un soutien mutuel et encourager l’autonomisation. Ces réseaux pourraient également servir de défenseurs du changement de politique et de sensibilisation de la société à la question.
  4. Intervention en cas de crise et counseling : Des conseillers formés et des professionnels de la santé mentale au sein de l’organisation offriraient des services d’intervention en cas de crise et de counseling aux survivants, fournissant un soutien émotionnel, une thérapie axée sur les traumatismes et des stratégies d’adaptation pour aider les individus à guérir de leurs expériences de violence.
  5. Assistance juridique et autonomisation : L’organisation collaborerait avec des experts juridiques pour fournir aux survivants des informations et une assistance concernant leurs droits juridiques et leurs options, notamment l’obtention d’ordonnances de protection, la recherche de recours civils et la navigation dans le système de justice pénale. L’autonomisation des survivants pour faire valoir leurs droits et rechercher la justice est cruciale pour lutter contre la manipulation psychologique et morale et la violence.
  6. Renforcement de la résilience communautaire : À travers des interventions et des programmes communautaires, l’organisation œuvrerait à renforcer la résilience au sein de la communauté, en renforçant les liens sociaux, en promouvant l’empathie et la solidarité, et en favorisant une culture de soutien et d’autonomisation. Cela pourrait inclure des activités telles que des groupes de soutien, des programmes de mentorat par les pairs, des événements communautaires et des ateliers de renforcement des compétences.
  7. Collaboration et partenariats : L’organisation collaborerait avec d’autres parties prenantes, notamment les organismes gouvernementaux, les forces de l’ordre, les prestataires de soins de santé, les établissements d’enseignement et les organisations à but non lucratif, pour coordonner les efforts, partager les ressources et maximiser l’impact dans la lutte contre la manipulation psychologique et morale et la violence au sein de la communauté.

Dans l’ensemble, une organisation de développement communautaire axée sur les ressources dédiée à soutenir les personnes survivants de La manipulation/violence psychologique/morale et de harcèlement psychologique/morale dans le domaine de la victimologie prioriserait les solutions axées sur la communauté, les initiatives de renforcement de la résilience et les services de soutien holistiques pour autonomiser les survivants et créer un environnement plus sûr et plus solidaire pour tous.


Sources et références

La persuasion coercitive

La manipulation mentale est l’ensemble des manœuvres visant à modifier les processus décisionnels d’un individu ou d’un groupe social par utilisation de techniques individuelles ou groupales physiques ou psychiques afin de le (ou les) placer sous contrôle partiel ou total de l’auteur de la manipulation. Face à cette définition se pose le problème du degré de manipulation — socialement acceptable ou moralement et éthiquement condamnable.

La coercition est définie comme étant le fait de « retenir ou de contraindre par la force ». Légalement cela implique souvent l’utilisation de la force physique ou de menaces physiques ou légales. Les concepts techniques de la « persuasion coercitive », lesquels sont efficacement contraignants, affaiblissants ou restreignants par l’application graduelle des forces psychologiques.

La persuasion coercitive est une technique d’influence sociale capable de produire des changements substantiels de comportements et d’attitudes appliquée pour provoquer « l’apprentissage » et « la normalisation sociale » au moyen de tactiques coercitives, de persuasion et/ou d’influence manipulative groupale ou interpersonnelle. Elle se distingue par les conditions sous lesquelles elle est pratiquée et par les techniques de manipulation environnementales et interpersonnelles employées pour supprimer des comportements ou croyances particuliers et en entraîner d’autres. La persuasion coercitive ou « réforme de la pensée » peut être définie comme un système coordonné d’influence coercitive et de contrôle du comportement conçu pour manipuler et tromper un individu dans l’intérêt de l’auteur.

On définira la réforme de la pensée comme un changement de croyance dans l’adaptation à la situation; technique utilisant un continuum de recoupement de l’influence sociale basée sur les descriptions de la structure sociale des environnements de réforme de la pensée eux-mêmes. Les éléments qui permettent la distinction d’autres schémas de socialisation qui promeuvent l’observation sont l’attaque psychologique et interpersonnelle pour troubler la notion d’identité personnelle et du Soi, l’utilisation d’un groupe de paires organisé et la pression interpersonnelle, laquelle rehausse la valeur de la conformité; la manipulation de la totalité de l’environnement social du sujet, qui vise à stabiliser les modifications du comportement.

Le contrôle social se caractérise par le contrôle de la communication, la manipulation émotionnelle et comportementale; la conformité au comportement dérivé ou déviant; les sollicitations d’aveux; la manipulation du langage par les clichés; enfin, la réinterprétation de l’émotion et de l’expérience humaine et le sentiment d’infériorité qu’éprouvent ceux soumis à cette technique.

Pour en savoir plus, consultez la page sur la persuation coercitives

Pour en savoir plus sur, consultez la page sur la violence psychologique et morale

De la maltraitance perverse

« Nous avons de bonnes raisons de considérer l’agression intra- espèce, dans la situation culturelle historique et technologique actuelle, comme le plus grave de tous les dangers de l’humanité. Mais notre chance d’y faire face ne s’améliore guère, si nous l’acceptons comme quelque chose de métaphysique et d’inéluctable. Il vaut mieux suivre l’enchaînement des causes naturelles. Car c’est toujours grâce à la compréhension de cet enchaînement des causes naturelles que l’homme a pu maîtriser les phénomènes naturels » (Karl Lorenz).

On constate que quand vient le temps de dénoncer une chose, il est possible de se trouver dans une situation, ou selon le type de dénonciation, il y a une psychologisation, médicalisation ou psychiatrisation du Sujet dénonciateur.

Il est donc possible de soumettre un individu à une situation ou la dénonciation devient impossible. D’abord, notons la notion, entre autres, de « labeling », de preuve sociale, de violence psychologique et morale, d’assujetion, de manipulation mentale, de catégorisation, de l’exclusion, de culpabilisation, de stigmatisation, de persuasion coercitive, de « conditionnement aversif », dont l’objectif vise essentiellement à miner la dénonciation, et/ou le dénonciateur, par différentes stratégies.

D’autre part, notons également la maitrise de l’environnement par la personne dénoncée. La personne dénonciatrice peut donc également être soumise à des situations « exceptionnelles », par le dénonciateur, dont les avenues comportementales de la réaction sont connues, ce qui permet d’utiliser la prophétie auto-réalisante, et donc prévoir la réaction du dénonciateur. Cependant, même si cette prophétie ne se réalise pas, le dénoncer peut miser sur le fait qu’habituellement elle se réalise. De plus, compte tenu des circonstances artificieuses, les observateurs extérieurs sont influencés par une perception biaisée de la situation et fonder leurs jugements sur une situation qui est en fait illusoire. Ainsi, les observateurs extérieurs ne peuvent porter un jugement éclairer puisqu’en fait, à la base, les situations « artificieuses » sont provoquées, peut-être même mis en scène.

On peut retrouver ce type de dynamique relationnelle perverse entre les protagonistes d’une situation, elle aussi, devenu perverse. Les observateurs extérieurs, pour eux, analyse et font lecture de la situation sans toutefois pouvoir saisir les subtilités perverses de la dynamique relationnelle tout en se basant sur des stéréotypes, par exemple .

Dans la situation artificieuse,  on attribue donc un rôle à la personne dénonciatrice tout en la soumettant à une ou plusieurs situations exceptionnelles. Ses situations artificieuses sont « mis en scène » dans le but de faire croire en quelque chose qui n’existe pas, ou afin de produire un événement significatif, en fonction par exemple, de la prophétie auto-réalisante.

On utilisera les réactions de la personne dénonciatrice issue des « situations exceptionnelles » en tant que preuve sociale afin de produire une démonstration pseudo-scientifique. On soumettra la personne « à une épée de Damoclès », résultat de la preuve sociale, afin de justifier le comportement et les actions du dénoncé.

On parle donc d’une situation inéquitable, ou le dénonceur ne peut s’exprimer et se faire entendre. Ces situations ne sont pas exclusives aux relations franchement pathologiques, telles que le harcèlement ou la violence conjugale. On pensera à ces personnes qui se sentent obligées de placer un micro, ou une caméra, afin de percer à jour la maltraitance d’une personne âgée, ou d’un enfant lors du gardiennage. Dans ces cas, est-ce seulement une démarche de vérification, ou une démarche à la suite d’impressions, d’intuitions, où on décide carrément de produire une preuve légale. La personne dénonciatrice de la situation de maltraitance, ne pouvant se défendre, sera affublée et étiquetté un « diagnostique » de paranoïaque ou de paranoïde.

Dans le cas de Nathalie Simard, compte tenu de sa crédibilité au moment de la dénonciation, il aurait été fort inopportun de ne pas utiliser une stratégie afin d’obtenir un aveu. Une dénonciation, sans un aveu, aurait été excessivement difficultueuse, peut-être même impossible.

Notons qu’il existe également un phénomène reconnu au Québec de harcèlement psychologique et moral dans les entreprises et en milieu de travail [1,2,3].

Malgré le succès du thème de la violence psychologique et morale, du harcèlement moral, nous constatons que, dans la plupart des cas, les victimes perdent leur travail, présentent des séquelles traumatiques et n’obtiennent pas réparation devant les tribunaux.

Notons également que la violence psychologique et morale peut être produite autant par les femmes que par les hommes, autant en contexte relationnel, familiale, organisationnelle, institutionnelle, professionnelle ou sociétale.

Pour rendre compte de l’existence de violences perverses, il est nécessaire d’identifier des facteurs favorisants de nature individuelle, situationnelle, organisationnelle et sociétale. Toutefois, seule une perspective holistique intégrant et prenant en considération tous ces facteurs et leur interaction dynamique permettrait d’expliquer pleinement et donc de prévoir, l’existence de harcèlement et de violence dans un contexte donnée. Il est donc improbable qu’un cadre théorique unique puisse pleinement rendre compte de toutes les formes de violence.

De plus en plus d’éléments tendent à démontrer l’existence de liens entre l’incidence de harcèlements et de violences, et des facteurs organisationnels tels que le leadership, le changement d’organisation, les tensions organisationnelles, la qualité de l’environnement de travail et des facteurs en relation avec la culture organisationnelle.

Pour en savoir plus :

La famille, le lieu de tous les dangers

Lorsque nous entendons les mots « violence conjugale », la plupart d’entre nous ont spontanément en tête la représentation d’un homme en train de battre sa conjointe. La perspective féministe, dans le cadre d’une lutte légitime pour dénoncer la violence faite aux femmes, a contribué à forger notre représentation sociale de la violence conjugale. Cependant, les résultats de plusieurs recherches, tant sur le continent européen qu’américain, semble confirmer certains doutes à l’égard du bien fondé de notre représentation sociale. On se souviendra de la représentation sociale montrant une femme attendant son mari avec un « rouleau à pâte ».

C’est le nouveau mouvement féministe qui, à la fin des années 1960, a soulevé le problème de la violence intrafamiliale exercée contre les femmes et les enfants. Des recherches statistiques au cours des années 1990 ont permis de lever le voile sur le tabou de la violence intrafamiliale. Les recherches et les entretiens menés dans ce cadre avec les victimes de violences révélèrent alors une réalité effrayante (Wetzels et collab.1995 : 120). Quant à la criminologie, la violence intrafamiliale en était la tache aveugle jusqu’à un passé récent (Wetzels et collab.1995 : 120).

Avant de traiter plus en détail de ce phénomène, il faut opérer une distinction entre la violence active et la violence passive (négligence, incurie). La violence active peut prendre plusieurs formes comme la violence physique, l’abus psychologique et moral (humiliation, menace, infantilisation, privation, marginalisation, stigmatisation, coercition, manipulation mentale), l’exploitation financière et matérielle (usage abusif des biens) et la violence à connotation sexuelle. Quant à la violence passive, elle consiste à refuser à la personne des soins nécessaires, de la nourriture ou d’autres articles nécessaires. Même passive, la négligence peut avoir des effets néfastes.

« La notion de violence domestique englobe la violence physique, sexuelle, psychique, sociale et émotionnelle entre des adultes vivants ou ayant vécu une relation proche. Il s’agit en priorité de couples unis par les liens du mariage ou du concubinage ou encore par d’autres liens de parenté » (cité dans Kavemann 2002, trad.).

Une autre définition intègre la violence contre les enfants et les personnes âgées, entre frères et soeurs, ainsi que celle des enfants contre leurs parents : « par violence domestique, nous entendons toute forme de violence ou de menaces de violence physique, psychique ou sexuelle exercée par des personnes partageant ou ayant partagé une relation familiale, conjugale ou similaire » (Schwander 2003).

Ces quelques exemples illustrent la pluralité des approches de la violence domestique, qui n’est pas sans conséquence sur les statistiques, car plus large est la définition, plus vaste est l’ampleur du phénomène (Seith 2003 : 24).

La maltraitance désigne les relations entre personnes entretenant des rapports de force inégaux dans lesquelles la personne dominante recourt régulièrement à ces moyens pour imposer sa volonté et nuit ainsi à la personne dominée (violence et contrôle systématique).

La maltraitance est souvent associée à des problèmes du système familial et ceux-ci étant tous liés dans une certaine mesure à des conséquences au plan du développement. Ainsi, la perspective des sciences sociales se fonde sur des observations, incluant les antécédents et les conséquences de la maltraitance, et ce, dans leur contexte écologique et celle du développement de l’enfant. On classifie généralement la maltraitance à l’égard des enfants en quatre grandes catégories : la violence physique, la négligence, l’abus sexuel et la violence émotive. Le signataire ajoute la violence psychologique et morale, qui recoupe certaines catégories mentionnées précédemment.

La recherche a établi une typologie des conflits relationnels en contexte des systèmes familial. On fait la distinction entre violence situationnelle et violence et contrôle systématique d’un des deux partenaires (Gloor/Meier 2003: 535s).

Dans le cas des actes situationnels ou spontanés, le conflit peut déboucher sur la violence et même parfois la violence grave. Ce type de violence se caractérise par le fait, entre autres, qu’il peut être exercé aussi bien par l’homme que par la femme.

À suivre…

L’agression indirecte et relationnelle : cette violence psychologique a-t-elle un sexe ?

Le terme « agression indirecte », d’abord utilisé par Bjorkqvist (2001), désigne un ensemble de gestes susceptibles de blesser quelqu’un psychologiquement. C’est une forme de violence sournoise et cachée qui ne nécessite pas une confrontation directe avec la victime, et vise essentiellement à infliger des blessures psychologiques et sociales aux autres. L’agression indirecte, davantage présent chez les filles que chez les garçons, consiste donc à blesser quelqu’un psychologiquement en détruisant ses relations interpersonnelles et son environnement social, et donc utiliser ses relations interpersonnelles et/ou l’environnement social comme levier d’agression ; l’une des conséquences de la violence indirecte est celle de l’exclusion sociale et de la discrimination. L’agression peut donc prendre diverses formes telles que raconter les secrets de la cible, dégrader ou ridiculiser ou déconsidérer la cible, exclure la cible du groupe ou répandre des rumeurs à son sujet sur des sites de clavardage ou les réseaux sociaux, amener d’autres élèves à ne pas « aimer » la cible. Les conséquences de l’agression indirecte sont dévastatrices et peuvent agir sur le devenir de la cible. Elles s’apparentent d’ailleurs à celles que vivent les personnes victimes de harcèlement psychologique et morale au travail. À long terme, entre autres, plus la victime vit d’épisodes d’agression indirecte, plus elle intègre un discours intérieur irrationnel qui entraîne une perte d’estime de soi, une souffrance psychologique et émotionnelle, anxiété, dépression, troubles relationnels, etc., voire même des conduites d’opposition, de délinquance, etc.

De nos jours, la violence indirecte et la violence psychologique et morale n’a pas de monopole. Certes, l’image de la femme battue, phénomène d’agression directe, peut certes toujours avoir court. Cependant, nous noterons que nous pouvons certainement admettre qu’elle puisse subir une violence psychologique et morale (agression indirecte), et nous pourrons donc imaginer un homme déconfit (vaincu, anéanti) sur un divan par la violence directe, avec une progéniture en état de choc.

Or, la violence indirecte passe souvent inaperçue, car notre société s’est exclusivement penchée sur les phénomènes de violence directe. Parce qu’il existe une certaine méconnaissance de la problématique de violence indirecte, parce que l’on ne considère pas l’exclusion sociale comme une forme d’intimidation, parce que l’on perçoit la victimisation indirecte comme étant moins grave que l’intimidation verbale ou physique, parce que la nature cachée et secrète des gestes la rend difficilement décelable, un effort de sensibilisation s’impose.

En 2008, une méta-analyse de 148 études sur l’agression directe et indirecte des enfants et adolescents ont examiné l’ampleur des différences entre les sexes, les inter-corrélations entre les formes et les associations avec l’inadaptation. Les résultats ont confirmé les conclusions antérieures de différences entre les sexes (favorisant les garçons) à l’agression directe et des différences triviales entre les sexes pour l’agression indirecte. Les résultats ont également indiqué une inter-corrélation importante entre ces formes. D’autre part, cette analyse montre que l’agression directe est plus fortement liée à des problèmes externalisés, à de mauvaises relations avec les pairs et à un faible comportement prosocial et l’agression indirecte semblait liée à des problèmes internalisés et au comportement prosocial élevé[1].

Une récente étude (2013) inter-culturelle de 5789 adolescents de six pays (Autriche, Canada, Allemagne, Slovénie, Espagne et Suisse) a montré que selon la déclaration des élèves, ce sont les garçons (46,8 %) qui utilise significativement plus l’agression indirecte contre les pairs que les filles (31,7%) De plus, parce que les femmes ont signalé une probabilité de près de 19 fois plus élevé que les hommes pour l’usage de l’agression indirecte contre leurs pairs de sexe opposé, et donc, les hommes sont de loin les plus susceptibles d’être la cible de l’agressivité indirecte[2]. Deux choses à comprendre des résultats de ces études, d’une part, selon leurs déclarations, les garçons utilisent plus la violence indirecte que les filles, et ce, autant envers les filles et les garçons, d’autre part, chez les filles, l’usage de la violence indirecte est surtout dirigé envers les garçons. Or, semble-t-il, la particularité de la forme d’intimidation que représente « l’agression indirecte » serait différente selon les pays, le sexe, l’âge et la culture. Cela suggère donc que parce que les filles utilisent moins l’agression directe, l’agression indirecte devient donc plus saillante chez les filles que les garçons, ce qui peut amener à croire que la violence indirecte est l’apanage des filles.

Dans une importante méta-analyse, intégrant environ 300 études sur l’Agression impliquant 190000 participants, Archer (2004) a constaté que l’agression directe était plus prédominante chez les mâles que chez les femelles, et ce, à partir de début de l’enfance jusqu’à l’âge adulte et à travers plusieurs cultures. Pour l’agression indirecte, Archer n’a pas trouvé pour les jeunes adultes de différences entre les sexes (y compris chez les collégiens), alors que des études sur les adolescents ont signalées plus d’agression indirecte chez les filles. Or, Bettencourt et Miller (1996) ont constaté que, en l’absence de toute provocation, les hommes étaient plus susceptibles d’agresser que ne l’étaient les femmes. Cependant, la provocation atténue significativement cette différence entre les sexes.

Ainsi, les recherches sur la différence sexuelle de l’agressivité chez les adolescents ont produit des résultats plutôt équivoques. Certaines études ont montré que les garçons s’engagent plus volontiers dans l’agression directe que les filles le font, les femmes se livrant à plus d’agression indirecte que les hommes (Björkqvist, Lagerspetz, et Kaukianen, 1992; Österman et al., 1998). Il convient de noter que Björkqvist et coll. ont utilisé des mesures de l’agression déclaré par les pairs [peer ratings] (par opposition aux mesures autodéclarées [self-reported mesures]) dans leurs études chez les adolescents. Contrairement à ces résultats, une étude chez les élèves adolescents espagnols (Toldos 2005) a montré que les garçons s’engagent plus volontiers dans l’agression directe et indirecte que les filles.

L’attention particulière que les chercheurs portent aux conduites agressives des filles est relativement récente. Un tel constat apparaît peu surprenant puisque les actes agressifs sont surtout reconnus pour être le fait des garçons. Certains théoriciens soutiennent que les indicateurs les plus souvent utilisés pour désigner les enfants à risque de développer des conduites antisociales, soit les conduites d’agression directe, ne sont pas nécessairement appropriés pour les filles, dont les conduites agressives se manifestent plutôt sous un autre mode (Feshback, 1969 ; Crick, et al., 1997 ; Craig et Pepler, 1999 ; Ostrov et Keating, 2004). Partir des ragots, raconter les secrets des autres, dégrader, ridiculiser, isoler ou exclure une personne du groupe d’amis, porter atteinte à la réputation, constituent autant de manifestations de ce mode d’agression connu sous le nom d’agression indirecte (Verlaan, 1995; Bjorkqvist et coll., 1992; Owens et coll., 2000), relationnelle (Crick et Grotpeter, 1995 ; Tomada et Schneider, 1997) ou sociale (Cairns et Cairns, 1994; Galen et Underwood, 1997). Cet ensemble de termes dont les définitions varient légèrement d’un auteur à l’autre font sensiblement référence au même phénomène (Bjorkqvist, 2001; Vaillancourt et coll., 2003; Verlaan, 2005).

Les chiffres et les risques évoqués précédemment passent toutefois sous silence que, contrairement à ce que l’on observe chez les garçons, proportionnellement moins de filles ont recours de manière répétitive et persistante à l’agression directe, et ce, particulièrement durant l’enfance. La connaissance des facteurs expliquant le développement de ces conduites chez les filles entre l’enfance et l’adolescence est importante afin de reconnaître précocement les filles les plus à risque de développer ce type de problème et de prévenir son apparition.

Les recherches récentes suggèrent également que les conduites d’agression directe chez les filles, c’est-à-dire les conduites de confrontation avec agression physique ou verbale (Little et coll., 2003), lorsque manifestées durant l’enfance, constituent des indicateurs d’inadaptation sociale tout comme chez les garçons. Les filles qui présentent ce type de problèmes sont plus à risque de connaître un ensemble de difficultés ultérieures, dont des conduites antisociales et des troubles mentaux (somatisation, anxiété, dépression) (Serbin et al.,1991 ; Zoccolillo, 1993 ; Loeber et Keenan, 1994 ; Farrington, 1995 ; Pepler et Sedighdeilam,1998). Elles sont plus susceptibles de vivre le rejet des pairs et des difficultés scolaires (Lancellotta et Vaughn, 1989; Serbin et coll., 1991; Coie et Dodge, 1998), des grossesses précoces, des stress parentaux et de la violence conjugale (Underwood et coll., 1996; Pepler et Sedighdeilam,1998; Serbin et coll., 1998). De tels résultats viennent donc largement justifier l’attention récente que l’on porte aux conduites agressives des filles.

Des travaux sur les différences entre l’agression indirecte et l’agression directe ont révélé d’importantes différences dans la façon dont chacun de ces types de conduites agressives se manifeste selon l’âge et le sexe. Au plan du développement, on peut observer des gestes d’agression physique chez un enfant dès la fin de la première année de vie (Tremblay et coll., 1999; Archer, 2004), tandis que l’agression indirecte est plus apparente lorsque les enfants auront commencé à comprendre la complexité des interactions sociales et les façons (habituellement verbales) de les manipuler. Dès l’âge de 4 ans, il est possible d’observer la manifestation rudimentaire de comportements d’agression indirecte chez les enfants (Crick et coll., 1999). Les filles qui utilisent l’agression indirecte désirent infliger des blessures émotives et sociales aux autres (Galen et Underwood, 1997 ; Owens et al., 2000). Les comportements de diffamation et d’exclusion servent, en outre, à renforcer leur propre statut social dans le groupe d’affiliation (Merten, 1997). Plusieurs travaux restent néanmoins à faire avant de déterminer si les conduites répétitives et persistantes d’agression indirecte constituent un indicateur d’inadaptation psychosociale future, comme peut l’être l’agression directe.

Si, par leur nature, les conduites d’agression indirecte passent souvent inaperçues, les effets de ce mode d’agression peuvent être percutants. Pour plusieurs victimes, en effet, la souffrance et l’humiliation engendrées par l’agression indirecte ne sont pas épisodiques et peuvent persister au fil des années : la victime n’a pas seulement à composer avec des ragots et des mensonges, mais aussi avec l’isolement, la solitude et le rejet (Underwood, 2003).

Somme toute, l’agressivité semble pareillement présente et courante autant chez les garçons que chez les filles, et semble, en bas âge, prendre la forme d’agression physique directe (qui débute plus tôt et qui est plus fréquent chez les garçons) et change progressivement avec l’âge vers une forme de violence verbale et vers une agressivité indirecte et passive (qui débute plus tôt chez les filles). L’agressivité directe semble être privilégiée chez les hommes, et ce, tout au long de la vie.

La recherche suggère qu’il existe des différences culturelles dans l’expression et la prévalence de l’agression indirecte. La manière dont les individus s’engagent dans l’agression indirecte peut être influencée par les normes culturelles, les valeurs et les attentes sociales. Voici quelques points soulignant les différences culturelles dans l’agression indirecte :

  1. Études interculturelles :

    • Des études, telles que la recherche interculturelle menée par Toldos (2005), ont montré des variations dans l’utilisation de l’agression indirecte chez les adolescents de différents pays (Autriche, Canada, Allemagne, Slovénie, Espagne et Suisse).
  2. Différences de genre entre les cultures :

    • Les variations culturelles peuvent influencer les schémas spécifiques d’agression indirecte selon le genre. Certaines études suggèrent que la prévalence et la forme de l’agression indirecte diffèrent entre les garçons et les filles selon les cultures.
  3. Socialisation et normes culturelles :

    • Le processus de socialisation et les normes culturelles jouent un rôle significatif dans la formation des comportements. Les attitudes envers la résolution des conflits, les styles de communication et l’acceptabilité de certains comportements agressifs peuvent varier selon les cultures.
  4. Perceptions de l’agression indirecte :

    • Ce qui est considéré comme une agression indirecte dans une culture peut ne pas être perçu de la même manière dans une autre. Les interprétations culturelles des comportements, tels que les commérages ou l’exclusion, peuvent différer, influençant la reconnaissance et la compréhension de l’agression indirecte.
  5. Collectivisme vs individualisme :

    • Les dimensions culturelles telles que le collectivisme ou l’individualisme peuvent influencer la manière dont les individus s’engagent dans l’agression indirecte. Les cultures collectivistes peuvent privilégier l’harmonie de groupe et utiliser des formes plus subtiles d’agression, tandis que les cultures individualistes peuvent mettre l’accent sur les objectifs personnels et l’assertivité.
  6. Styles de communication :

    • Les différences culturelles dans les styles de communication peuvent influencer la manifestation de l’agression indirecte. Les cultures à communication élevée, où la communication repose sur des indices implicites, peuvent présenter des formes d’agression indirecte différentes par rapport aux cultures à communication faible, qui reposent davantage sur une communication explicite.

Comme la socialisation de l’agressivité se produit pendant les années préscolaires, cette période parait cruciale pour la réduction (prévention) et pour la cristallisation de l’agressivité. Les programmes d’intervention et de prévention de la violence surviennent souvent trop tard dans le processus développemental de l’agressivité ; il faut donc agir en amont du cycle de développement de la progéniture. En travaillant sur le « parenting » des parents, et le développement des enfants, leurs compétences sociales et affectives, il est possible d’améliorer le développement global, et l’apparition précoce de l’agressivité peut ainsi être considérablement réduite.

Il est essentiel de tenir compte du contexte culturel lors de l’étude et de l’approche de l’agression indirecte pour développer des interventions efficaces et des mesures préventives qui sont culturellement sensibles. La diversité culturelle contribue aux variations de la prévalence, de l’expression et de l’interprétation de l’agression indirecte dans différentes sociétés.


SOURCE

  • Arcand, S., Lanctôt, N., Landreville, P. (2005). « Filles et déviance : perspectives développementales », Les presses de l’Université de Montréal, Volume 38, numéro 1, Printemps 2005, p. 9-37.
  • Verlaan, P., Dery, M., Toupin, J., & Pauze, R. (January 01, 2005). « L’agression indirecte : un indicateur d’inadaptation psychosociale chez les filles ?« , Criminologie, 38, 1, 9.
  • Verlaan, Pierrette, Déry, Michèle, Toupin, Jean, & Pauzé, Robert. (2005). « L’agression indirecte : un indicateur d’inadaptation psychosociale chez les filles ? », Les Presses de l’Université de Montréal.
  • Comité Québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (2004). « L’agression indirecte : cette violence qu’on ne voit pas« , La foucade, volume 4, no. 2, juin 2004.
  • Bjorkqvist, K. (2001). « Different Names, Same Issue. Social Development« , 10(2), 272-74.
  • Marks, A. D., Hine, D. W., Manton, G. C., & Thorsteinsson, E. B. (2012). Can Outcome Expectancies Help Explain Sex Differences in Direct and Indirect Aggression?. Journal of Applied Social Psychology, 42(1), 151-169.
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  • Card, N. A., Stucky, B. D., Sawalani, G. M., & Little, T. D. (2008). Direct and indirect aggression during childhood and adolescence: A meta‐analytic review of gender differences, intercorrelations, and relations to maladjustment. Child development, 79(5), 1185-1229.
  • Toldos, M. P. (2005). Sex and age differences in self‐estimated physical, verbal and indirect aggression in Spanish adolescents. Aggressive Behavior: Official Journal of the International Society for Research on Aggression, 31(1), 13-23.
  • Björkqvist, K., Lagerspetz, K. M., & Kaukiainen, A. (1992). Do girls manipulate and boys fight? Developmental trends in regard to direct and indirect aggression. Aggressive behavior, 18(2), 117-127.
  • Underwood, M. K. (2003). Social aggression among girls. Guilford Press.
  • Crick, N. R., & Grotpeter, J. K. (1995). Relational aggression, gender, and social‐psychological adjustment. Child development, 66(3), 710-722.
  • Owens, L., Shute, R., & Slee, P. (2000). “Guess what I just heard!”: Indirect aggression among teenage girls in Australia. Aggressive Behavior: Official Journal of the International Society for Research on Aggression, 26(1), 67-83.
  • Owens, L., Slee, P., & Shute, R. (2000). ‘It Hurts a Hell of a Lot…’ The Effects of Indirect Aggression on Teenage Girls. School Psychology International, 21(4), 359-376.
  • [1] Card, N. A., Stucky, B. D., Sawalani, G. M., & Little, T. D. (2008). « Direct and indirect aggression during childhood and adolescence: A meta‐analytic review of gender differences, intercorrelations, and relations to maladjustment« , Child development, 79(5), 1185-1229, [http://1.usa.gov/16vpgyP].
  • [2] Artz, S., Kassis, W., & Moldenhauer, S. (2013). « Rethinking Indirect Aggression: The End of the Mean Girl Myth« , Victims & Offenders, 8(3), 308-328.
  • [3] Swearer, S. (2008). « A New Definition And Scales For Indirect Aggression In Schools« , International Journal, 4.

De la résistance à la manipulation et la persuation coercitive

Au regard de la multiplicité des approches de la résistance, Knowles et Linn (2004) soulignent que « la résistance est un concept avec un noyau net et des frontières floues ». Ils identifient quatre éléments pour appréhender la résistance : la réactance, la méfiance, la vigilance et l’inertie qu’ils relient à la sphère affective, cognitive ou motivationnelle de la résistance.

  1. La réactance, qui est « l’état motivationnel d’une personne dont la liberté est supprimée ou menacée de l’être » (Brehm 1966 cité dans Clee et Wicklund 1980) est activée quand l’influence est directement perçue. Elle est associée à la dimension affective et motivationnelle de la résistance;
  2. La méfiance a trait au soupçon engendré par un message destiné à modifier les attitudes initiales. Les réactions sont ici de nature affective et cognitive;
  3. La vigilance survient lorsque les individus sont conscients d’être la cible d’une tentative d’influence. Ils deviennent alors beaucoup plus sensibles à la qualité des arguments. Cette vigilance renvoie principalement à l’aspect cognitif;
  4. Enfin, l’inertie apparaît quand un message persuasif incite au changement et que l’individu résiste à ce changement;

Pour Sherman et coll. (2004) la résistance se définit comme une réponse d’un individu qui tente d’éliminer ou de réduire l’impact d’une communication persuasive. La définition de Poster (1992) qui est la façon dont les individus ou les groupes pratiquent des stratégies d’appropriation en réponse aux structures de domination.

Le signataire rappelle la simplicité, du moins dans son énonciation, de la finalité de toute manipulation et la persuasion coercitive : modifier des attitudes et des comportements. Pour atteindre cet objectif, les messages doivent persuader le récepteur. On utilise alors diverses stratégies.

Notons que la résistance à la persuasion relève de l’investigation des caractéristiques d’un stimulus et des représentations préalables du récepteur, celle-ci étant plus ou moins stable.

Parmi les premiers travaux reliés à la résistance à la persuasion, stricto sensu, on trouve McGuire (1964 dans Eagly et Chaiken 1993) et sa théorie de l’inoculation. Le principe repose sur l’analogie biologique de la vaccination. Un message négatif de faible impact à l’encontre d’une opinion immunise l’individu contre des actions de persuasion plus intense et développe sa résistance.

Deux grandes catégories sont source de résistance à la persuasion. La première dite motivationnelle recouvre les menaces contre son image de soi, la menace de perte de sa liberté ou la remise en cause de ses attitudes. La seconde dite cognitive repose sur le lien entre ses attitudes et ses autres cognitions. Toute tentative de persuasion qui est décodée comme pouvant déstabiliser l’équilibre du système entraîne une résistance (Eagly et Chaiken 1993).

Les travaux de Albarracin et Mitchell (2002 cité par Briñol et coll., 2004) mesurent la « confiance défensive » des individus. Le principe est que les personnes confiantes dans leurs capacités d’argumentation (forte confiance défensive) ne cherchent pas à éviter les communications perturbantes à l’inverse des individus peu confiants dans leurs aptitudes (faible confiance défensive). Toutefois l’effet contextuel peut atténuer momentanément une forte capacité à résister ; une pression sociale jugée comme valorisante (recherche de consensus dans une assemblée, image dans un groupe) peut conduire à être plus perméable aux tentatives de persuasion.

La manipulation perverse, le contact physique et la technique du toucher

Les techniques de manipulation qui en créant le contexte interpersonnel requis, permettent d’augmenter l’efficacité de la demande et par là d’accroître l’engagement du sujet, pour le rendre plus susceptible aux suggestions et aux injonctions qui permettront de le manipuler.

Communiquer pour demander quelque chose à quelqu’un, a priori, c’est avant tout parler, s’exprimer d’une manière claire pour inciter l’autre à nous accorder ce que nous lui demandons. Si les mots choisis, le ton employé, la tournure de phrase sont importants, le langage non verbal ou langage corporel joue aussi un rôle très important.

Les recherches sur le toucher ne datent pas d’hier. Les chercheurs s’intéressent sérieusement aux effets du toucher depuis au moins le milieu des années 70. Dans l’une de leurs recherches, les personnes qui pénétraient dans une cabine téléphonique avaient la bonne surprise de trouver sur la tablette quelques pièces de monnaie.

Évidemment, comme l’aurait fait n’importe qui, elles utilisaient les pièces pour téléphoner ou, à tout le moins, les glissaient dans leurs poches en partant. Un peu plus loin un inconnu les interceptait : « N’auriez-vous pas trouvé quelques pièces de monnaie sur la tablette ? » L’inconnu n’est autre, on s’en doute, qu’un expérimentateur. Une fois sur deux, il ne se contentait pas de cette sollicitation, purement verbale. Il touchait, en outre, le bras de son interlocuteur pendant une ou deux secondes. Ce contact physique lui permit d’augmenter significativement le taux de restitution des pièces oubliées. Qu’un simple contact puisse rendre les gens plus honnêtes pourra étonner. Il ne s’agit pourtant pas là d’une bizarrerie expérimentale.

Ce phénomène a été observé dans des situations très différentes et à propos de comportements très variés. La célèbre université de Miami abrite, d’ailleurs, un institut de recherche qui lui est exclusivement consacré. Dans le seul domaine médical, des centaines de recherches attestent de l’intérêt qu’il y a à toucher celles et ceux dont on souhaite infléchir les comportements. Ainsi, les pensionnaires touchés se nourrissent mieux que ceux qui ne le sont pas, les patients touchés respectent mieux les prescriptions médicales que les autres, etc. Initialement mis en évidence aux États-Unis, dans une culture de « non-contact », le phénomène de toucher ne perd rien de sa vigueur en France, un des pays latins où les gens se touchent le plus. Un chercheur français a, par exemple, constaté qu’on avait deux fois plus de chance d’obtenir d’un quidam une pièce de monnaie en lui touchant le bras au moment de notre requête. Dans une autre recherche, il a pu observer que le même contact physique (toucher du bras), durant une séance de travail pratique, permettait à un enseignant de pratiquement tripler la probabilité que ses élèves se rendent volontairement au tableau pour corriger un exercice. Cette dernière recherche s’inscrit dans la tradition des recherches américaines qui montrent qu’un enseignant peut aider un élève à améliorer ses performances scolaires en recourant à un simple contact physique.

Il est maintenant démontré que le fait que quelqu’un vous touche physiquement augmente votre réceptivité à la demande qu’il peut formuler. C’est comme si ce contact ouvrait une voie de communication positive. Et au-delà d’accéder à votre demande plus facilement, la personne que vous touchez vous juge d’une manière plus positive.

Le toucher permet d’établir un contact physique avec le sujet. Les études scientifiques ont montré que la technique du toucher affecte favorablement les jugements esthétiques (Silverthorne et coll., 1972), conduit les clients à trouver plus agréable le commerce (Hormik, 1992), modifie positivement la perception d’un inconnu (Wycoo and Holley, 1990), induit à faire plus confiance (Patterson, 1973), etc. Les yeux-dans-les-yeux n’est qu’une variante de la technique du toucher, moins efficace peut-être.

Donc, le toucher favorise l’élicitation émotionnelle, une réponse émotive, dans certains cas favorable. Car, le toucher n’est pas toujours approprié et ne génère par toujours une réponse émotionnelle positive. Le contact physique est très peu courant quand on rencontre quelqu’un pour la première fois. Néanmoins, serrer la main des hommes et des femmes au moment de les saluer est tout à fait courant. Les hommes ne se touchent pas à moins qu’ils ne se connaissent très bien ou qu’ils soient parents. En Occident, le toucher a reçu une connotation négative, ce qui a fait régresser le contact physique entre les personnes. Elle est surtout réservée lors des contacts intimes, entre amis, entre membres familiales, entre amoureux.

Les normes de communication : règles sociales souvent inconscientes, acceptées par un groupe. Parmi les risques inhérents à la communication, l’intrusion d’autrui dans notre territoire intime (physique et psychique) et les mécanismes de défense que l’individu met en œuvre nous ramènent à nos origines. Communiquer, c’est mettre en commun, ouvrir une partie de ce territoire symbolique aux autres, au risque d’être envahi. On distingue 2 types de territoires — physique et symbolique :

  • L’espace physique : Selon l’anthropologue américain E.T. Hall, l’individu est entouré d’une « sphère » invisible qui le sépare d’autrui et qui définit son territoire intime En Occident, la limite de ce territoire est à environ 45 cm autour du corps Seuls les intimes sont admis dans cette sphère La limite est franchie dans 2 cas seulement : relation amoureuse / lutte ou agression physique. E.T. Hall (La Dimension cachée, 1971, Seuil) distingue 4 distances de communication, variables en fonction des cultures : 1) La distance intime,  <= 45 cm [relation amoureuse/lutte] 2) la distance personnelle, 45 à 125 cm [conversation entre amis]; 3) la distance sociale, 1,20 m à 3,60 m [communication professionnelle, communication de groupe]; 4) la distance publique, >= 3,60 m [Communication uniquement collective];
  • L’espace symbolique : Correspond au moi intime : ce que l’on ne veut pas rendre public, communiquer. L’indiscrétion est la forme la plus courante de
    violation de l’espace symbolique. Différents comportements (verbaux et non verbaux), notamment les rituels d’évitement, permettent de délimiter ce territoire aux yeux des autres. Faire preuve de tact n’est pas toujours suffisant : une longue fréquentation de l’autre est souvent indispensable.

Ainsi, le contact physique peut-être utilisé afin de créer un rapport de domination/soumission au sein d’une relation, un rapport inégalitaire, un rapport perdant/gagnant. Le contact physique inapproprié et inopportun indispose, elle crée un malaise.

En résumé.

Le rôle du toucher dans le contexte de la manipulation psychologique est multifacette. Il sert de puissant outil de communication non verbale pouvant influencer les individus sur le plan émotionnel et comportemental. Des recherches suggèrent que le contact physique peut accroître la réceptivité aux demandes, susciter des réponses émotionnelles positives et renforcer les liens interpersonnels.

  1. Réceptivité accrue : Le toucher a démontré augmenter la probabilité que les individus se conforment aux demandes. Le contact physique crée un chemin de communication positif, rendant la personne plus ouverte aux demandes du manipulateur.
  2. Réponse émotionnelle positive : Le toucher peut susciter des réponses émotionnelles, favorisant une perception plus positive du manipulateur. Cette connexion émotionnelle positive peut rendre la personne plus susceptible à la manipulation, associant le toucher à une expérience favorable.
  3. Établissement de la confiance et de la connexion : Le toucher est lié à la création de la confiance. En incorporant le toucher, les manipulateurs peuvent créer un sentiment de connexion et d’intimité, amenant la personne ciblée à faire preuve de plus de confiance et d’acceptation envers leur influence.
  4. Établissement de dynamiques de domination/soumission : Dans certaines situations, le toucher peut être utilisé de manière stratégique pour établir une domination ou soumission au sein d’une relation. Le contact physique peut refléter des dynamiques de pouvoir, renforçant une relation inégale ou manipulatrice.
  5. Communication non verbale : Le toucher sert de forme de communication non verbale pouvant transmettre de l’empathie, de la compréhension ou du contrôle. Cet aspect non verbal peut compléter les techniques de manipulation verbales, renforçant le message souhaité.
  6. Considérations culturelles et contextuelles : L’adéquation et l’impact du toucher varient selon les cultures et les contextes. Comprendre les normes culturelles et les limites individuelles est crucial, car un toucher inapproprié ou non souhaité peut provoquer un malaise ou une résistance plutôt qu’une conformité.

Il est essentiel de noter que les implications éthiques de l’utilisation du toucher dans la manipulation sont significatives. Les tactiques manipulatrices impliquant le toucher peuvent exploiter les vulnérabilités des individus et violer leurs limites personnelles. La prise de conscience de ces dynamiques est cruciale pour promouvoir une communication éthique et respecter l’autonomie des autres.


Références

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Guéguen, N. (2002a). King of touch, gender and compliance to a request : A pilot study. Studia Psychologica, 44, 167- 172. 3

Guéguen, (2002b). Encouragement non verbal à participer en cours : l’effet du toucher. Psychologie et Education, 51, 95-107. 4

Steward, L. et Lupfer, M. (1987). Touching as teaching : The effect of touch on students’ perceptions and performance. Journal of Applied Social Psychology, 17, 800-809.