Champs théoriques de la notion de « Harcèlement Moral »

La notion de « harcèlement moral » a été développée en psychologie du travail et dans le domaine de la psychopathologie. Elle désigne une forme de violence psychologique répétée au sein du cadre professionnel[1], bien que le concept puisse également être étendu à d’autres contextes, tels que la sphère familiale. Les champs théoriques liés à la notion de harcèlement moral comprennent :

  1. Psychologie du travail et des organisations : Le harcèlement moral est souvent étudié dans le contexte professionnel, où il peut se manifester sous la forme de comportements répétés, hostiles et délibérés visant à dégrader la personne visée. Les chercheurs en psychologie du travail examinent les causes, les conséquences et les interventions pour prévenir le harcèlement moral en milieu professionnel.
  2. Psychopathologie : Le harcèlement moral est fréquemment abordé dans le cadre de la psychopathologie, en particulier dans l’étude des troubles liés au stress post-traumatique, à la dépression et à l’anxiété résultant de l’exposition prolongée à des comportements malveillants.
  3. Droit du travail : La notion de harcèlement moral a également des implications juridiques. Les juristes et les experts en droit du travail examinent les lois et réglementations entourant le harcèlement moral, ainsi que les recours juridiques disponibles pour les victimes.
  4. Sociologie du travail : Certains sociologues se penchent sur le harcèlement moral en tant que phénomène social. Ils peuvent étudier comment les structures organisationnelles, la culture d’entreprise et les dynamiques de pouvoir contribuent au développement du harcèlement moral.
  5. Éthique professionnelle : Les questions éthiques entourant le harcèlement moral, telles que la responsabilité des employeurs à prévenir de tels comportements, sont également explorées dans le domaine de l’éthique professionnelle.
  6. Psychologie sociale : La psychologie sociale peut aborder le harcèlement moral en examinant les processus de groupe, la dynamique des relations interpersonnelles et les facteurs sociaux qui peuvent contribuer au développement et à la perpétuation du harcèlement moral.
  7. Ressources humaines : Les professionnels des ressources humaines s’occupent souvent de la prévention du harcèlement moral sur le lieu de travail. Ils peuvent étudier les politiques de gestion des ressources humaines, les procédures de signalement et les interventions visant à créer un environnement de travail respectueux.

Il est important de noter que le harcèlement moral est un sujet complexe, et les chercheurs de divers domaines contribuent à sa compréhension globale. En plus des aspects théoriques, la prévention du harcèlement moral implique souvent une approche multidisciplinaire, combinant des perspectives juridiques, psychologiques, organisationnelles et sociologiques.

Au Québec, on parle volontiers de harcèlement psychologique au travail qui est spécifiquement réglementé par la Loi sur les normes du travail (LNT) et la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST). La notion de harcèlement psychologique au travail au Québec est définie de manière précise dans la LNT.

Selon la LNT, le harcèlement psychologique au travail est décrit comme une conduite vexatoire se manifestant soit par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés, qui portent atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique de la personne visée, qui entraînent un milieu de travail néfaste et qui se traduisent généralement par une détérioration des conditions de travail de l’employé.

Voici quelques points clés concernant le harcèlement psychologique au travail au Québec :

  1. Définition légale : La LNT offre une définition légale du harcèlement psychologique, précisant les éléments qui doivent être présents pour qu’une situation soit considérée comme du harcèlement.
  2. Responsabilité de l’employeur : L’employeur a l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour prévenir le harcèlement psychologique et pour le faire cesser lorsqu’il survient. Cela inclut la mise en place de politiques internes, de procédures et la sensibilisation des employés à cette question.
  3. Protection des employés : Les employés ont le droit de travailler dans un environnement exempt de harcèlement psychologique. Si un employé est victime de harcèlement, il peut porter plainte auprès de l’employeur ou, en cas de non-résolution, déposer une plainte auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
  4. Conséquences : Les conséquences pour un employeur qui ne prend pas les mesures nécessaires pour prévenir ou faire cesser le harcèlement psychologique peuvent inclure des amendes et d’autres sanctions.

Au Québec, la définition du harcèlement psychologique au travail est spécifiée dans la Loi sur les normes du travail (LNT). Selon l’article 81.18 de la LNT, le harcèlement psychologique au travail est défini comme suit :

  1. Une conduite vexatoire se manifestant soit par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés ;
  2. Qui portent atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique de la personne visée ;
  3. Qui entraînent un milieu de travail néfaste.

Il est important de noter que la notion de harcèlement psychologique est liée à la répétition de comportements hostiles ou non désirés. Il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais plutôt de comportements répétés qui créent un environnement de travail préjudiciable à la personne visée.

La LNT reconnaît également le droit des travailleurs de refuser de travailler dans une situation où il y a des motifs raisonnables de croire qu’il y a un danger pour leur santé, leur sécurité ou leur intégrité physique en raison du harcèlement psychologique. Les employeurs ont l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour prévenir le harcèlement psychologique au travail et pour y mettre fin s’il survient.


[1] : https://www.droit-travail-france.fr/harcelement-moral.php